Sauver un animal

L’ebc (empathie, bienveillance, compassion)

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Aigle royal blessé (photo UFCS)

Principes généraux pour toutes les espèces

 

Sommaire général

Auteur : Philippe Kauffmann

Dernière MAJ : 1/11/2016

Pour joindre l’auteur : philippe.kauffmann(à)free.fr

 

 

Sommaire du chapitre

 

Les sources d’aide

Les différents cas

Principe général des soins

La durée des soins

L’adoption éventuelle

Anticiper

Références

 

 

Les sources d’aide

 

Soigner sans aide un animal peut conduire à des erreurs graves et des échecs et  dans de nombreux cas vous n’aurez pas le nécessaire à disposition. Heureusement, la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) [1] et l’UFCS (Union Française des Centres de Sauvegarde de la Faune Sauvage) [2] sont la pour veiller sur eux.

La LPO est membre du réseau international très actif Birdlife International qui a son siège en Grande Bretagne. La LPO a créé sept Centres de Sauvegarde (Ile-Grande, Clermont-Ferrand, Buoux, Audenges, Castres, Rosenwiller, Villeveyrac), un relais du Centre de Sauvegarde de l'Ecole Vétérinaire de Nantes (à Chalonnes près d'Angers) et deux unités mobiles de soins, stationnées à La Rochelle. Vous pouvez en toute confiance remettre dans un de ces centres un oiseau trouvé.

 L’UFCS qui soigne aussi les mammifères a un réseau nettement plus dense que celui de la LPO (incluant d’ailleurs ceux de la LPO car la LPO est membre de l’UFCS). Elle possède 45 centres de soins répartis dans toute la France. Si le centre de soin LPO est trop éloigné de chez vous ou si vous avez trouvé un mammifère, un des centres de l’UFCS est l’alternative. Mais attention, comme la plupart des animaux apportés sont des oiseaux, tous les centres ne soignent pas les mammifères.

Il ne faut pas négliger non plus les écoles vétérinaires françaises en général, dont certaines (comme celle de Toulouse) prennent les animaux sauvages en charge (y compris les plus petits : rats et souris) et acceptent même de prodiguer des conseils par téléphone.

Mais dans bien des cas, le vétérinaire local sera la première source d’aide. De nombreux vétérinaires ont suivi un enseignement sur la faune sauvage. Ils pourront donc vous conseiller au mieux. De plus, comme ils disposent de nombreux médicaments (dont des antibiotiques retard injectables) ils pourront efficacement donner les premiers soins.

Néanmoins, sachant que l’UFCS et la LPO euthanasient les animaux qu’ils ne peuvent pas rendre à la vie sauvage, il vaut mieux ne pas leur confier un animal qu’on a décidé d’apprivoiser car il ne peut pas être rendu à la vie sauvage, comme – par exemple – une pie avec une aile brisée. Si l’on confie l’un de ces animaux à un vétérinaire, il faut de la même façon s’assurer au préalable qu’il est disposé à vous le restituer, car ce n’est pas toujours son intension.

On notera aussi le document imprimable de la LPO (valable aussi pour les mammifères), dépliable de 14 pages que l’on peut imprimer en noir et blanc ou couleur et diffuser autour de soi. Il reprend en gros sous une autre forme l’essentiel de ce qui se trouve sur ce site.

On notera enfin l’ouvrage de Gérard Grolleau (membre de l’UFCS)  Recueillir et soigner les petits animaux sauvages. Cet ouvrage donne des informations générales, fournit une aide à l’identification des espèces, et traite individuellement les cent cinquante espèces d’oiseaux les plus représentatives de France métropolitaine, ainsi qu’une trentaine de mammifères. On notera que dans les informations générales est inclus le statut légal de chaque animal : protégé, chassable ou nuisible (« nuisible » ne signifie pas nécessairement qu’il ne faut pas soigner cette espèce ; peut être faut il simplement en prendre soin en attendant que notre société rétablisse l’écosystème qui permettait à son prédateur naturel de vivre ?).  Avoir le livre de Gérard Grolleau prêt à servir dans sa bibliothèque est une bonne chose, car jamais aucun site internet ne sera aussi complet.

 

 

Les différents cas

 

            Il est évident qu’un aigle adulte avec une fracture ne se soigne pas de la même façon qu’un bébé campagnol de 4 g qui a perdu sa mère. On doit faire plusieurs distinctions :

 

·         Animal sauvage/domestique (chien, chat)

·         Carnivore (insectivore)/herbivore (granivore)

·         Adulte blessé ou malade/bébé abandonné

·         Mammifère/oiseau

·         Petit animal/animal moyen/gros animal

·         Animal protégé/chassable/nuisible

 

Dans le cas d’un animal domestique (chien, chat) le passage par le vétérinaire est obligatoire pour l’identification (puce électronique ou tatouage). Ensuite, il faut se reporter aux chapitres « Recueillir un chat abandonné » ou « Recueillir un chien errant » car ces deux cas sont particuliers.

 

Dans le cas d’un gros animal sauvage (5 kg ou plus) ou d’un animal protégé, il faut impérativement prévenir le centre UFCS le plus proche (ou LPO le cas échéant).

 

            Avant de relâcher un petit carnivore ou insectivore élevé par des humains, il faut lui apprendre à identifier, trouver et attraper ses proies lui-même, sinon il ne peut pas survivre dans la nature. Cet apprentissage demande du temps et de la compétence. C’est clairement un travail à confier à des spécialistes, donc un centre UFCS. Un animal carnivore ou insectivore devra donc être le plus rapidement possible être confié à un centre de soins UFCS.

 

Dans le cas d’un nourrisson, se pose aussi le problème général de l’imprégnation (voir au chapitre Préambule et notions utiles). Le petit va vous assimiler à sa mère, ce qui peut poser des problèmes graves au moment du relâcher. Avec certaines espèces, pas de problème, le petit va s’émanciper spontanément. Avec d’autres espèces, le petit va définitivement s’attacher à vous et il ne pourra plus vivre de façon autonome ; vous devrez alors le garder définitivement.

 

S’il s’agit d’un animal classé chassable, vous risquez d’être accusé de vol de gibier, ou de chasse illégale (vous risquez de passer devant un tribunal correctionnel si vous êtes pris). Dans le cas d’un animal classé nuisible, vous n’avez pas le droit de le relâcher.

 

En fin de compte – avec un animal sauvage –  vous êtes placés généralement devant deux situations opposées :

·         S’il s’agit d’un oiseau, d’un mammifère d’une certaine taille (géré par l’UFCS), d’un carnivore ou d’un insectivore, il faut lui donner les premiers soins puis l’emmener le plus rapidement possible dans un centre de soins agréé (voir plus haut).

·         S’il n’y a pas de centre de soins accessible ou s’il s’agit d’un tout petit animal non géré par l’UFCS (souris, campagnol…), il faut le soigner soi-même en fonction des indications données dans ces pages ou mieux – si possible – , en suivant les indication de l’ouvrage de Gérard Grolleau  Recueillir et soigner les petits animaux sauvages.

 

   

Principe général des soins

 

            Pour les premiers soins (ou l’ensemble des soins si on ne peut pas confier l’animal) il faut s’inspirer des indications suivantes en les adaptant aux spécificités de l’animal. On se reportera ensuite pour plus de détails au chapitre correspondant à l’espèce.

 

Stress : un animal blessé ou perdu est hyper stressé, il faut limiter son stress par les mesures suivantes :

·         mettre l’animal à l’abri du bruit et d’une lumière excessive,

·         limiter les paroles et parler doucement,

·         ne pas présenter l’animal à des personnes inutiles,

·         trouver un endroit calme pour lui.

·         Ne pas pointer directement sa main vers l’animal car c’est perçu en général comme une agression (approcher les mains par le coté).

·         Eviter les gestes brusques.

Alimentation : les animaux se déshydratent vite. Selon le cas :

·         proposer rapidement une nourriture adaptée (voir en fonction des espèces),

·         si ce n’est pas utile, ne pas proposer d’alimentation tout de suite,

·         ne pas forcer à boire (risque de provoquer un étouffement) !

·         Alimenter à la périodicité adaptée à l’animal (selon l’âge et l’espèce).

·         Si un animal refuse toute alimentation, le remettre très rapidement en liberté (liberté protégée si possible) pour éviter la mort par déshydratation.

Agression : beaucoup d’animaux pensent être menacés par leur « sauveur »,

·         utiliser des gants contre des morsures,

·         pour les gros animaux, étendre un tissu sur l’animal,

·         attendre que l’animal se calme,

·         ne pas avancer les mains de face, mais de coté (afin qu’ils se sentent moins menacés).

Transport et hébergement : utiliser un moyen adapté :

·         éviter les cages (animal exposé et qui risque de se blesser),

·         privilégier les boites en carton de dimension adaptée avec quelques trous d’aération,

·         prévoir pour les mammifères dans la boite un espace pour les besoins naturels et la nourriture,

·         prévoir un rembourrage de tissu ou équivalent (papier absorbant chiffonné) pour le calage et contre le froid.

·         Vérifier que vous avez le droit de transporter l’animal trouvé (attention aux animaux protégés et au gibier, voir chapitre Précautions).

Température : le froid et l’excès de chaleur aggravent l’état d’un animal et peuvent même tuer.

·         Rembourrer la boite de l’animal pour le maintenir au chaud (tissu ou à défaut papier absorbant chiffonné),

·         en cas de forte chaleur, ventiler et augmenter l’apport de liquide (boisson ou nourriture humide selon l’animal),

·         pour un bébé oiseau ou mammifère, réchauffer l’animal dans le creux des mains ou à l’aide d’un bouillotte, ou tout autre dispositif,

·         en cas de besoin, abriter l’animal de la pluie.

Assistance : faites-vous aider.

·         Dans de nombreux cas, les associations de protection animale (LPO, UFCS, SPA) sont beaucoup plus compétentes que vous, quoi que vous fassiez.

·         N’hésitez pas à passer chez le vétérinaire. Il a des compétences et des moyens (médicaments) parfois indispensables. De plus, il vous conseillera utilement.

·         Il est interdit de détenir une espèce protégée ou du gibier -> prévenez la LPO ou l’UFCS selon le cas (voir chapitre Précautions).

Euthanasie : certains cas sont désespérés et vous préférez abréger les souffrances d’un animal.

·         Vous ferez considérablement souffrir un animal par une euthanasie mal menée (endormir un chaton à l’éther puis le noyer parce qu’il est en trop, conduit à un réveil de l’animal dans l’eau et une mort par noyade très douloureuse avec de nombreux spasmes).

·         Vous garderez de très mauvais souvenirs de vos tentatives d’une euthanasie maladroite.

·         Allez chez un vétérinaire car vous n’avez pas de solution pour faire ça correctement. Lui seul a les produits pour abréger l’existence d’un animal dans des conditions acceptables.

 

 

Exemples

 

Les  photos ci-après présentent trois exemples de boites pour petits mammifères de la taille d’une souris. La première est pour un tout petit bébé non sevré. C’est une récupération de boite pour cuire des spécialités asiatiques à la vapeur. La boite fait environ 10 cm de diamètre. On notera la petite écuelle découpée dans du plastique pour l’eau, les petits bouts de pomme et de noix, ainsi que le tissu découpé en lambeaux pour le couchage.

 

petite_boite.jpg

 

 

La seconde boite est plus grosse. Elle donne une certaine liberté de mouvement à l’animal. C’est une récupération de paquet poste (taille 15x10x4 cm). On notera le papier absorbant pour l’hygiène ainsi que la plastification extérieure pour protéger la boite de la pluie au cas où on serait amené à la placer à l’extérieur afin de préparer un animal à sa libération.

 

grande_boite.jpg

 

 

La dernière boite est une cage à souris modifiée. La plastification protège de la lumière excessive ainsi que de la pluie. Accessoirement ça évite la possibilité de passage entre les barreaux. Cette cage est prévue pour deux utilisations successives :

 

·         A l’intérieur pour la dernière phase de soins. Elle permet à l’animal une grande liberté de mouvement tout en le maintenant à l’abri.

·         A l’extérieur comme sur la photo ci-après. Elle permet dans ce cas à habituer l’animal progressivement à l’environnement extérieur. Il quittera définitivement la cage lorsqu’il aura trouvé territoire, abri extérieur, et source de nourriture suffisante à sa convenance.

 

cage-ext.jpg

 

 

On peut remarquer à l’intérieur de la cage un trou de trois centimètres de diamètre dans le fond pour entrer et sortir par-dessous. La cage est également équipée d’une zone de couchage à l’abri du froid et de la pluie, d’une écuelle de nourriture ainsi que d’une petite boite à copeaux pour l’hygiène.

 

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La durée des soins

 

            Connaitre la durée des soins que l’on devra dispenser est important de façon à se préparer correctement. A l’extrême, récupérer un chat haret épileptique est une adoption définitive et des soins quotidiens pour cette maladie incurable.

 

            A l’opposé, élever des petits peut être très rapide. Un petit rongeur (souris, rat…) ou passereau (moineau, rouge gorge…) s’émancipe en trois semaines. Les soins ne dureront dans ce cas le plus souvent que huit à quinze jours. Typiquement, plus l’animal est gros, plus la durée d’élevage est longue. Pour des hérissons, il faut compter un mois, mais au moins trois mois pour un chat sauvage.

 

            Un adulte fiévreux récupère souvent en quelques jours. Par contre, la consolidation d’une fracture prend nettement plus de temps et il faut ajouter un temps de rééducation.

 

            Dans le cas d’un bébé carnivore ou insectivore, il faut aussi ajouter le temps pour lui apprendre à se nourrir tout seul.

 

 

L’adoption éventuelle

 

            Quand on recueille un animal sauvage pour le sauver, c’est en principe pour le faire retourner à la vie sauvage dès que possible. Au demeurant, il est légalement interdit de conserver chez soi des animaux sauvages protégés.

 

            Malheureusement, dans certains cas l’adoption est une nécessité. Les centres UFCS, soignent presque tous les animaux et à la fin des soins les rendent à la vie sauvage. Mais s’il s’avère qu’un animal ne peut pas retourner à la vie sauvage, il sera a priori euthanasié faute de pouvoir le garder.

 

            Par conséquent, s’il apparait clairement qu’un animal ne pourra pas retourner à la vie sauvage après les soins, il ne faut pas le confier à un centre de soins UFCS. Il faut soit l’euthanasier, soit le soigner en sachant qu’il faudra l’adopter, donc le garder après la fin des soins. Ces cas sont bien identifiés :

·         Animal présentant des fractures qui l’handicaperont trop après consolidation pour qu’il puisse retourner à la vie sauvage.

·         Animal présentant des mutilations qui lui font perdre sont autonomie.

·         Petit qui s’est trop attaché à l’humain durant l’élevage. Certains oiseaux (geais, pies) ont une prédisposition à ce comportement.

Egalement, si on confie un de ces animaux à un vétérinaire pour obtenir aide et conseil, il faut au préalable s’assurer qu’il est prêt à vous le restituer. C’est important car certains vétérinaires acceptent des animaux sauvages et soigner, mais les euthanasient sans vous demander votre avis.

 

Anticiper

 

            Recueillir un animal nécessite en général de réagir dans l’urgence. Bien souvent on manquera du nécessaire pour pouvoir donner les soins indispensables. Il est donc pertinent d’anticiper, c'est-à-dire avoir en permanence dans un coin de la maison une « trousse d’urgence » pour animal en détresse. Cette « trousse » devra comporter a minima :

·         du lait maternisé pour chaton,

·         une boite de pâtée pour chats,

·         des graines à oiseaux,

·         quelques cotons tiges, comptes gouttes, petits biberons (servant de biberon en fonction de la taille de l’animal),

·         quelques boites en carton de tailles diverses,

·         des vieux tissus et du papier absorbant.

 

 

Références

 

1.      Ligue pour la Protection des Oiseaux

2.      Union Française des Centres de Sauvegarde de la Faune Sauvage