Sauver un animal

L’ebc (empathie, bienveillance, compassion)

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Nour (lumière en arabe), chatte haret épileptique sauvée in extremis (photo auteur)

Recueillir un chat abandonné

 

Sommaire général

Auteur : Philippe Kauffmann

Dernière MAJ : 16/11/2015

Pour joindre l’auteur : philippe.kauffmann(à)free.fr

 

 

Contrairement aux autres animaux décrits dans ces pages, les chats et les chiens sont des animaux domestiques et à ce titre doivent être considérés différemment. Au lieu d’être en voie de disparition, ils sont en excès (si on considère les animaux abandonnés). Ils menacent nombreux autres car ce sont des prédateurs. Ils sont pris en charge en théorie par les associations de protection des animaux (en France : SPA [1] qui gère 60 refuges, CNSPA [2]  qui fédère 350 refuges et SPA locales, fédérées ou non), mais comme pratiquement tous les refuges sont débordés, il ne faut pas se débarrasser (sauf cas de force majeure) d’un animal trouvé chez eux. Les vétérinaires connaissent parfaitement ces animaux et nous facilitent considérablement la tâche de soin.

 

 Dès qu’on a recueilli et soigné un chat, il faut légalement lui faire mettre une puce électronique, le faire stériliser ou castrer (pour ne pas propager la misère) et le considérer une fois pour toutes comme son nouveau compagnon.

 

 

Sommaire du chapitre

 

Les divers types de chats rencontrés

Psychologie du chat

Elever et soigner l’animal trouvé

Adopter un chat trouvé ou de refuge

Exemples

Références

 

 

Les divers types de chats rencontrés

 

On peut rencontrer six types de chats (par ordre croissant de probabilité) sur sa route :

·         Un chat sauvage : cas très rare qui se ramène à celui d’un carnivore sauvage (se reporter au chapitre Autres mammifères sauvages).

·         Un chat haret (espèce domestique, mais né et élevé hors de toute présence humaine). On en trouve malheureusement beaucoup. Des associations les capturent pour les stériliser avant de les relâcher (les refuges étant saturés). En Belgique on leur coupe un bout d’une oreille et en France métropolitaine on les tatoue avec un S dans l’oreille droite. Apprivoiser ces chats à l’état adulte demande une énergie et un temps considérable (plus d’un an).

·         Un chaton né d’une mère haret ou sauvage qui n’est plus en mesure de s’occuper de lui.

·         Un chat domestique blessé (typiquement par une voiture) et incapable de retourner chez lui.

·         Un chaton ou un chat domestique (typiquement très jeune) qui s’est tout simplement perdu.

·         Un chat domestique abandonné par ses maitres « qui ont changé d’avis ». C’est le cas le plus courant – résultat de l’inconséquence et l’immoralité de certains – auquel il faut faire face régulièrement.

 

C’est important de pouvoir classer le chat trouvé. S’il a toujours un maitre qui serait heureux de le revoir, c’est facile à savoir grâce à sa puce électronique que n’importe quel vétérinaire peut lire. Si c’est un chaton qui n’a pas encore passé la phase d’imprégnation, l’apprivoisement sera facile ; sinon, il sera plus difficile, et il sera même très difficile avec un chat haret.

 

N. B. : si le comportement de l’animal (regard dans le vide, animal qui titube, qui a l’air abattu, qui bave) fait soupçonner un empoisonnement (direct ou via l’absorption d’un autre animal empoisonné), le transporter d’urgence chez le vétérinaire le plus proche avant tout autre soin.

 

           

Psychologie du chat

 

            La principale particularité des chats domestiques est qu’ils sont liés à l’humanité depuis des millénaires. En conséquence, les individus maintenus en présence d’humains durant la période d’imprégnation se socialisent totalement à eux. C’est ce qui les rend si sociables en apparence ; ils ont acquis un besoin diffus de la présence humaine à proximité.

 

Malgré tout, les chats restent solitaires et territoriaux comme leurs ancêtres en dehors de la période de reproduction. Par conséquent, les chats ne s’entendent que rarement entre eux, restent très individualistes et indépendants. Néanmoins, du fait de l’acclimatation aux humains ils ont besoin de leur présence à proximité et tolèrent en général les congénères qu’on leur impose dans leur espace.

 

Toutefois, malgré l’habituation aux hommes, ils restent des prédateurs et donc des chasseurs. Ils chassent par instinct, pas pour manger. Dans l’esprit d’un chat ce sont deux activités indépendantes. Cependant, s’ils sont des prédateurs, ils sont aussi des proies pour des animaux plus gros (renards, chiens, etc.) et en ont conscience.

 

On lit à ce propos que ce sont des animaux de fuite. Mais en fait, selon les concepts de l’éthologie (voir au chapitre Préambule et notions utiles), tous les animaux (y compris les lions) sont susceptibles d’être menacés et adoptent alors la stratégie de fuite qui est la réponse universelle à la menace. L’attaque n’est la réponse de substitution que si la fuite est impossible. Ceci signifie qu’un chat qui ne vous connais pas se sentira a priori menacé et cherchera à fuir. S’il est acculé, il menacera d’attaquer pour se défendre. L’approche d’un chat inconnu est donc une opération délicate ; c’est d’autant plus vrai avec un chat haret.

 

            Les chatons passent comme tous les oiseaux et mammifères par la phase d’imprégnation (voir au chapitre Préambule et notions utiles), au début de leur vie. C’est durant cette période critique que la présence humaine bienveillante et chaleureuse est indispensable, c’est celle de la mère de substitution qui comme une mère réelle doit fournir la nourriture, la chaleur et l’affection (caresses et manipulations délicates). Certains considèrent que si on ne souhaite pas conserver un animal il faut limiter au maximum le processus d’imprégnation, mais on prive alors le petit de quelque chose qui lui est indispensable, et de toute façon à l’adolescence il y aura le processus inverse de détachement (les avis sont donc partagés sur l’attitude à choisir).

 

Dernier point important, les chatons, comme la grosse majorité des mammifères, jouent entre eux et avec leur mère. Un chat frustré de ces jeux durant l’enfance sera triste et distant à l’âge adulte. Le cerveau ayant perdu sa plasticité, ce sera alors bien tard pour lui apprendre à jouer ; mais possible si on compte le temps en années (expérience vécue).

 

N. B. : il existe des livres qui traitent très bien le problème de la psychologie des chats et vous aideront à élever les vôtres. On peut citer :

Auteur : Joël Dehasse, « Tout sur la psychologie du chat », Editions Odile Jacob, septembre 2008

Auteur : Dr Edit Beaumont-Graff, Dr Nicolas Massal, « Guide pratique du comportement du chat », Editions Eyrolles, 2ème édition 2013

 

 

Elever et soigner l’animal trouvé

 

            Avec un chat, la première étape est toujours le passage chez un vétérinaire. Il vérifiera d’abord la puce électronique (ce qui dira qui est le maitre ; peut être vous dès lors), précisera l’état de santé général (déshydratation, fièvre, maladies, blessures et parasites) et vaccinera l’animal s’il n’est pas fiévreux. De plus, si l’animal est blessé, il lui procurera les soins d’urgence.

                                                                                                                                           

Une fois le passage chez le vétérinaire effectué, il suffit de satisfaire les besoins fondamentaux de l’animal (dépendant en partie de son âge et de son tempérament) :

·         procurer un endroit de couchage douillet un peu protégé et caché,

·         procurer des croquettes ou de la pâtée en petite quantité 5 à 6 fois par jour (éviter la nourriture humaine qui est déséquilibrée pour le chat),

·         mettre de l’eau à coté de la nourriture (éviter le lait),

·         prévoir un bac à litière à environ deux mètres (ni trop près, ni trop loin) du lieu de couchage et de la nourriture,

·         jouer avec l’animal au moins une fois par jour,

·         lui donner régulièrement des marques d’affection (caresses et manipulations affectueuses).

 

On se réfèrera avec profit aux ouvrages sur la psychologie du chat (voir ci-dessus) pour le soigner de façon optimale.

 

 

Adopter un chat trouvé ou de refuge

 

            Comme précisé dans l’introduction de ce chapitre, une fois qu’on a trouvé et soigné un chat, l’adoption est quasi impérative (sauf cas de force majeure) car les refuges sont saturés.

 

Ceci étant posé, on peut faire encore beaucoup mieux :

·         adopter un chat de refuge plutôt qu’acheter un chat de race,

·         faire stériliser ou castrer son chat afin d’éviter la multiplication au hasard des jardins,

·         adopter spontanément un chat de refuge,

·         aider financièrement un refuge (ou une SPA en France),

·         adopter un de ces chats de refuge qui n’a guère de seconde chance en vue.

 

La dernière proposition mérite réflexion. A titre d’exemple, l’adoption il y a plus de quinze ans d’une chatte totalement sourde et aveugle dans la famille a été une réussite totale. Malgré son double handicap, il ne lui fallait jamais plus d’une à deux minutes de plus que les autres chats pour découvrir un nouvel invité, retrouver ses maitres ou sa gamelle. Elle n’a jamais eu de problème de propreté et ronronnait comme un hors-bord à la moindre caresse. Les chats fonctionnent à l’odeur et aux phéromones !

Adopter un animal en mauvais état plutôt qu’un animal dans le meilleur état de santé mentale et physique possible peut paraitre illogique. Mais si on se réfère à l’éthologie humaine (cf. Laborit au chapitre Préambule et notions utiles), l’homme protège ses petits par instinct, et par analogie a un besoin inconscient de protéger tout ce qui est petit et fragile, et ce d’autant plus que c’est petit et fragile. Il faut avoir vécu ce type d’attachement pour le comprendre. En conséquence, un malheureux chat handicapé procurera peut être plus de satisfaction et de bonheur qu’un chat de race pour concours acheté fort cher.

 

 

Exemples

 

            Un jeune chat mâle (baptisé Kirsch) faisant partie des chats abandonnés nourris dans un hôpital par le personnel a été « offert » (en fait sauvé de l’élimination) à mon épouse juste avant la destruction de l’hôpital. L’animal – d’une intelligence exceptionnelle – s’est adapté instantanément à sa nouvelle condition de chat d’appartement. Les chats abandonnés dans les lieux publics ne sont donc pas nécessairement des chats harets.

 

            Un chaton femelle (baptisée Eglantine) dont le nez coulait abondamment était repoussé par sa mère (chatte abandonnée dans un parc) qui avait d’autres petits. Le bébé a passé la nuit suivante blotti contre l’auteur. Le vétérinaire a fourni les soins nécessaires, mais a diagnostiqué une leucose féline qui a réduit la vie de cette chatte à environ cinq ans. Présentée avec inquiétude au chat précédant quarante huit heures plus tard, celui-ci l’a adoptée immédiatement et l’a considérée comme son petit (ou sa petite sœur ?). Les chats ne sont donc pas toujours aussi individualistes qu’on l’imagine.

 

            Un chat adulte (baptisé Tom) écrasé par une voiture trouvé sur le trottoir présentait une fracture au bassin (d’après la radio du vétérinaire). Comme il n’avait pas de tatouage (les puces électroniques n’existaient pas à l’époque) il a fallu l’adopter. Comme les fractures du bassin ne se plâtrent pas, il ne restait qu’à patienter que ça se remette tout seul. L’animal ne savait pas manger, mais seulement laper du lait. Il avait – à l’évidence – eu un passé anormal. Il a appris en quelques mois à manger normalement et a eu une vie de chat bien remplie.

 

            Une jeune chatte adulte (baptisée Nour) s’est retrouvée inerte au pied de la boite aux lettres de l’auteur (à la campagne). Après la visite chez le vétérinaire il s’est avéré qu’il s’agissait d’une chatte haret épileptique abattue par la fièvre. L’adaptation à la vie de chat domestique a donc été (pour le moins) compliquée.

            Pour l’aspect « sauvage », on notera qu’elle n’a jamais été menaçante tant qu’on n’essayait pas de la saisir. Elle a facilement accepté la maison. La nourriture de chat domestique lui a provoqué une diarrhée violente pendant quarante huit heures avant une normalisation définitive. Elle a appris le bac à sable immédiatement (et rentre toujours pour faire ses besoins…). Elle mordait énergiquement au début quand on la prenait. Il lui a fallu deux ans et demi avant d’accepter complètement et d’apprécier les caresses. Elle reste – par contre – assez craintive. Il ne reste plus qu’à lui apprendre à jouer…

            Pour l’aspect « épilepsie », une IRM a été nécessaire pour vérifier l’absence de cause organique. C’est une opération lourde qui ne peut se faire qu’avec un endormissement long et traumatisant. De plus, les IRM pour animaux sont rares en France. Après à peu près deux ans et demi de soins (il a fallu changer plusieurs fois la médication), l’épilepsie est enfin presque complètement sous contrôle. Elle a encore besoin de pilules deux fois par jour qu’on ne peut pas lui injecter dans la bouche (c’est une chatte haret !). Il faut donc broyer les pilules et mélanger la poudre à la nourriture (qu’elle à mis près de deux ans à accepter à cause du goût perverti par les médicaments).

            Mais elle vit de mieux en mieux en étant – au moins le plus clair du temps – parfaitement bien dans sa fourrure.

 

 

Références

 

1.      Société Protectrice des Animaux (SPA dite nationale ou parisienne)

2.      Confédération nationale des SPA de France