Sauver un animal

L’ebc (empathie, bienveillance, compassion)

boy-saves-puppy-3-600x400.jpg

Photo : letribunaldunet.fr (cette vidéo finit d’extrême justesse bien !)

Quelques précautions

 

Sommaire général

Auteur : Philippe Kauffmann

Dernière MAJ : 1/11/2016

Pour joindre l’auteur : philippe.kauffmann(à)free.fr

 

 

            Soigner un animal est en général peu risqué, mais pas totalement sans risque : ni pour vous, ni pour l’animal. Dans ce chapitre on présente très brièvement les principales choses à avoir présentes à l’esprit au moment de recueillir un animal.

 

 

Sommaire du chapitre

 

Règlementation

Les agressions

Les parasites et autres désagréments

Précautions envers les animaux

Références

 

 

Règlementation

 

            La toute première chose à savoir, est qu’il est interdit de détenir et de transporter un animal protégé ou du gibier. En croyant bien faire, vous risquez donc de vous attirer des ennuis. Pour les tous petits animaux trouvés chez vous, il n’y a guère de risque. Mais pour les animaux plus gros, il faut apporter l’animal à un centre de soin (voir les associations agrées au chapitre Principes généraux pour toutes les espèces) et avertir ce centre de soin avant le transport. Si vous êtes contrôlés durant la détention de l’animal ou le transport par la gendarmerie ou un garde chasse vous pourrez ainsi justifier de votre bonne foi ; les forces de l’ordre acceptant dans ce cas de vérifier a posteriori le transport effectif de l’animal au centre agréé.

 

Une page du site du Sanctuaire du Hérisson fournit un rappel complet à la loi française (celles des autres pays sont en général assez proches car beaucoup respectent la convention de Berne ou une variante).

 

            Par ailleurs, il est interdit de relâcher dans la nature des animaux classés « nuisibles ».

 

 

Les agressions

 

            La très grosse majorité des animaux fuyant l’homme (et de façon générale les autres animaux), on ne se trouve en général en présence d’un animal qui reste devant soi que dans les cas très particuliers suivants :

 

·         Animal incapable de vous percevoir. C’est le cas par exemple des escargots et des vers de terre. Beaucoup d’humains les ignorent, certains les respectent et quelques uns les chassent. Mais dans le dernier cas attention : il y a une période de chasse pour les escargots et il faut un permis de chasse en règle, sinon vous pouvez être trainé devant le tribunal pour chasse illicite (vu personnellement, cf. règlementation de la chasse). Si vous faites partie des humains qui les respectent, il est clair qu’une des rares choses que vous pouvez faire pour eux est les déplacer pour leur éviter une roue, un taille-herbe ou le dessèchement sur une dalle de béton ; opération sans risque pour vous (sauf si l’animal porte des couleurs très vives, dans quel cas sa peau est probablement venimeuse).

·         Nourrisson. Trouver un oiseau tombé du nid ou un petit rongeur abandonné n’est pas exceptionnel. Prendre un bébé animal ne présente guère de risque car l’animal est minuscule et peu conscient de ce qui lui arrive. Vous allez devenir sa mère adoptive.

·         Animal adulte apathique. Il s’agit le plus souvent d’un animal terrassé par la fièvre, une blessure (fracture ou morsure). La réaction de l’animal à votre approche permettra de savoir s’il y a ou non un risque d’agression, le comportement d’agression ne remplaçant celui de fuite que si cette dernière est impossible (voir l’éthologie dans le chapitre Préambule et notions utiles).

·         Animal acculé. C’est le cas fréquent d’un animal capturé par un chien ou un chat et rapporté dans le domicile blessé ou non. Le risque d’agression par morsure de la part de l’animal à la saisie est non négligeable.

 

Seuls les deux derniers cas présentent un risque significatif pour l’homme. De façon générale, la nature étant ce quel est, aucun animal ne s’attend à être secouru à l’approche d’un être humain ; il va donc essayer de se défendre. La réaction normale est l’agression – en général par morsure, griffage (rapaces, félins) ou coups de becs (échassiers) –  si la fuite est impossible. Si l’animal est blessé, l’agression est hautement probable car c’est son combat du désespoir. Par contre, s’il n’est pas blessé, le risque d’agression est nettement plus faible, l’animal n’étant souvent que partiellement conscient du "danger" (vérifier la réaction à l’approche).

 

Dans tous les cas, le port de gants est préférable. Il vaut mieux aussi saisir un animal par-dessous et approcher la main par le coté ; l’approche d’une main humaine de face étant plus ressentie comme une agression que par le coté. Ceci étant, l’auteur de ces lignes a saisi sans gant de nombreux lézards, souris et rats acculés non blessés sans jamais se faire mordre ; mais il ne recommande pas ce geste qui reste un geste d’urgence. La meilleure méthode pour attraper un petit animal acculé dans une maison est une cloche à fromage (ou n’importe quel objet en plastique transparent y ressemblant) et une feuille de carton qu’on glisse dessous lorsque l’animal est piégé par la cloche.

 

Dans le cas des échassiers il faut tout spécialement se méfier du grand bec, surtout que certains s’en prennent parfois spontanément aux yeux. Dans le cas des rapaces, se sont les serres qui sont particulièrement dangereuses (cf. Gérard Grolleau, Grolleau  Recueillir et soigner les petits animaux sauvages).

 

 

Les parasites et autres désagréments

 

Avertissement : les précautions proposées ci-après contre les parasites sont totalement inefficaces si on possède des animaux domestiques (chats ou chiens) et qu’on ne respecte pas strictement les mêmes règles d’hygiène vis-à-vis de nos compagnons que vis-à-vis des animaux sauvages. Par exemple, selon la Wikipédia, ce sont nos animaux domestiques qui nous transmettent – de loin – le plus souvent l’échinococcose alvéolaire (voir plus loin), et pas les animaux sauvages.

 

            Se faire mordre ou griffer est toujours désagréable, mais les conséquences à terme peuvent être bien pires que la blessure à cause de la transmission potentielle de parasites et maladies. D’ailleurs, il n’est même pas nécessaire d’être mordu ou griffé pour être infecté. Le simple contact peut suffire dans certains cas. Voici ci-après un tour très rapide de la question.

 

            Les plus grosses des petites bêtes qui peuvent nous nuire sont visibles à l’œil nu. Les animaux ramassés en sont souvent infestés. Elles s’appellent : vers, larves, puces, gale, etc. La transmission se fait par contact direct et par voie buccale. Les précautions à prendre pour nous sont donc simples : utiliser des gants, limiter les contacts physiques, se laver systématiquement les mains après tout contact et ne pas porter les mains à la bouche avant de les avoir lavées. Coté animal, une bonne hygiène lors des soins fait rapidement disparaitre certains gros parasites. L’extraction mécanique de ces parasites à l’aide d’un pinceau ou une pince brucelles accélère le processus et est parfois indispensable. En cas de persistance et dans certains cas, l’utilisation d’insecticide en poudre acheté en pharmacie peut être utile à condition que l’animal soigné ne puisse pas atteindre la zone traitée avec sa gueule ou son bec.

 

Les parasites invisibles sont souvent plus gênants. Ils sont très nombreux. Le pire est l’échinococcose alvéolaire [1]. La transmission se fait en général par contact direct. La maladie se développe en plusieurs décennies. Elle est aussi grave qu’un cancer et se soigne aussi mal. On peut aussi noter la très célèbre toxoplasmose [2] à cause de laquelle on recommande aux femmes enceintes de se séparer de leur chat. 45 % des adultes humains seraient infectés… Les autres maladies parasitaires les plus fréquemment rencontrées sont : la douve du foie, la toxocarose, l’hydatidose et la leptospirose ; parasitoses décrites dans la Wikipédia. La transmission se fait comme pour les premières parasitoses décrites : par contact direct et voie buccale. Les mesures préventives sont donc toujours : utiliser des gants, limiter les contacts physiques, se laver systématiquement les mains après tout contact et ne pas porter les mains à la bouche avant de les avoir lavées.

 

La figure ci-après montre les zones à risque en France métropolitaine pour l’échinococcose alvéolaire. On notera que plusieurs centaines de cas sont répertoriés dans le pays avec environ 15 nouveaux cas déclarés par an (essentiellement des propriétaires de chiens et chats ou personnes pratiquant le jardinage).

 

Populations_at_Risk_for_Alveolar_Echinococcosis,_France.jpg

Zones à risque pour l’échinococcose alvéolaire (source Wikipédia)

 

 

Evidemment les bactéries et les virus ne sont pas en reste ! S’il n’y a plus guère de risque de se faire inoculer la peste, il reste quand même la rage (absente en depuis 1996 du territoire français métropolitain) et quelques autres maladies à certains moments. La transmission, se fait cette fois plutôt par le sang via les morsures. Par conséquent, en cas de morsure, il faut se faire saigner abondamment et désinfecter. S’il y a localement un risque de rage, il faut se faire administrer un vaccin antirabique. Si la morsure vient d’une vipère, le problème est évidemment différent !

 

Dans tous les cas, si on craint une infection, le mieux est de consulter son médecin qui en général ordonnera une prise de sang adéquate. Si le cas est urgent (risque de rage, morsure de serpent), il faut consulter immédiatement. Eventuellement, il peut être nécessaire d’aller au service d’urgences le plus proche.

 

 

Précautions envers les animaux

 

            Recueillir un animal pour le soigner n’est pas forcément toujours bon pour lui. Le problème le plus important résulte du stress généré par la capture. S’il est excessif, l’animal ne s’alimentera plus et mourra parfois de déshydratation en moins d’une journée. En cas de doute, il vaut mieux relâcher un animal le plus vite possible, en aménageant pour lui une zone sécurisée mais ouverte (boite en carton avec une ouverture latérale assez large). Parfois, le simple fait de mettre un animal dans une obscurité partielle et un espace protégé (boite en carton avec ouverture latérale) peut suffire à lui permettre de récupérer ; solution parfois préférable à des soins plus intensifs.

 

            Un autre problème classique est celui des oisillons tombés du nid. De très nombreux oisillons quittent le nid de façon précoce, et se retrouvent démunis au sol. Les parents continuent alors à le nourrir hors du nid. C’est par conséquent une très mauvaise idée de ramasser un oisillon si on n’est pas certain qu’il est abandonné ; on a alors plus de chance de le faire mourir à terme qu’autre chose. La vigueur de l’oisillon au sol permet de se faire à elle seule déjà une bonne idée de sa situation.

 

            Un cas particulier qui mérite attention est l’animal (en général un oisillon) léthargique. Ce peut être la simple conséquence d’une hypothermie si la météorologie est défavorable. Dans ce cas, il faut en premier lieu réchauffer l’animal. D’abord dans le creux de ses mains ou contre soi, puis en le plaçant dans une boite en carton garnie de tissu ou un matériau équivalent (papier absorbant chiffonné). On pourra évidemment trouver d’autres méthodes qui fournissent une chaleur douce. Si l’animal reprend vie rapidement, c’est que l’hypothèse de l’hypothermie était exacte.

 

            Un dernier point mérite attention. L’humain est le seul animal doué de parole. Les autres animaux ne comprennent à peu près rien à ce babil qui peut les stresser beaucoup plus qu’on imagine. Observer le maximum de silence et parler à voix basse et calme est donc très important lorsqu’on a un animal sauvage en soins à proximité, et ceci dès qu’on le recueille. L’exposer à tout le monde est aussi toujours nuisible pour lui à cause du stress induit.

 

 

Références

 

1.      Echinococcose alvéolaire (Wikipédia)

2.      Toxoplasmose (Wikipédia)